"Si je devais décrire la nature et la qualité de ma relation à Claire, je serais d’abord bien en peine, puis je dirais qu’elle a été une des figures majeures de mon parcours, équestre, certes, mais personnel surtout. Plus précisément, elle a pris une place déterminante à un moment charnière de mon évolution auprès des chevaux, un moment où l’adolescente que j’étais alors avait peut-être besoin d’un référent de confiance.
J’ai commencé à m’appuyer sur Claire à treize-quatorze ans, et la chose dont je lui suis le plus gré, c’est de m’avoir montré que je pouvais poursuivre seule, sans appui… mais sans qu’elle me lâche de son œil bienveillant que je rencontre à des occasions toujours riches d’apprentissage, de moi auprès d’elle, et de moi sur elle alors qu’elle s’affirme dans une évolution professionnelle que j’ai la chance et le plaisir d’observer – et d’expérimenter !
Moi qui étais initialement venue à Claire pour apaiser des peurs parfois paniques qui m’empêchaient de profiter de ces moments avec les chevaux que, malgré la souffrance qu’ils m’infligeaient souvent – on reconnaît la passion au pathos ? – je n’étais pas capable d’abandonner, je me suis lancée, presque logiquement, dans l’équitation éthologique dont elle enseignait les bases, à pied et à cheval. De l’équitation, donc.
En arrêtant de la pratiquer régulièrement dans des structures consacrées, on perd en général les liens qu’on avait tissés dans ce milieu étroit, assez monocorde finalement, où on ne se rencontre et où on ne parle plus que de nos équestrianités, comme si le sujet pouvait être séparé du reste, du reste du temps, du reste de notre personne, toute engagée pourtant dans la relation au cheval qui se noue, de manière complexe, dans la pratique équestre.
Claire est une des rares personnes à qui je puisse, par-delà la discontinuité saccadée de mon parcours de cavalière, parler cheval et d’autre chose – avec qui j’ai la liberté, rare, d’être cavalière et de ne pas l’être, de m’affirmer, de paraître solide, comme de laisser paraître ma vulnérabilité.
J’évolue aujourd’hui avec Claire dans des stages de développement personnel assisté par le cheval qu’elle anime aux côtés de Sylvain Gillier-Imbs, où nous nous sommes retrouvées non plus dans un rapport moniteur-élève, mais comme deux personnes réunies dans un contexte favorable à ce que les dernières barrières (le rapport moniteur-élève !) tombent.
Si je m’attachais à cette dimension de mon expérience avec Claire, la plus récente, la plus « actuelle » pour moi et pour elle à ce moment de son évolution, je me poserais simplement en témoin de son amitié, qu’elle donne en partage à ceux qui sont officiellement ses « élèves », mais qu’elle considère comme les partenaires privilégiés d’un chemin qui est aussi le sien. Cette capacité à questionner sa propre trajectoire au travers de celles des autres, cette disposition réflexive, est exceptionnelle, et pas seulement dans le milieu du cheval !
Mais elle n’est que le résultat de sa polyvalence, d’un arc de compétences très développé qu’elle sait mobiliser et adapter aux profils aux aspérités desquels elle se montre toujours sensible – même si elle vous dira souvent, comme un aveu un peu lourd, qu’elle fut élevée à l’école formatée et prosélyte du concours complet.
Cette polyvalence voulue, aussi inconfortable soit-elle, ce courage d’affronter l’incertitude si rare dans le milieu du cheval, doit suffire à ce qu’on croit en la capacité de Claire à développer chez chacun la volonté d’être cohérent avec soi-même et de faire avec les changements intérieurs qui se produisent tout au long de la vie, que les chevaux ressentent tant et qu’on a pourtant tendance à occulter.
Caval’essence parachève sa transition du paradigme du contrôle à une philosophie de l’accueil : lui témoigner sa confiance, c’est l’encourager dans cette voie « du milieu », juste entre humains et chevaux, aussi respectueuse des uns que des autres, hors les dogmes, qui peut convenir à ceux qui, comme moi, n’y ont pas trouvé pleine satisfaction et jouissance… de leur vie, dont la relation au cheval exprime toute l’intensité. Cette articulation de la vie dans son ensemble et de ses « moments cheval », Claire l’a bien saisi et vous aidera sans aucun doute à mieux comprendre le sens qu’elle revêt pour vous".
Mélanie Le Guen – Janvier 2017.